Bienveillance alimentaire en temps de pandémie
par Ève Crépeau, nutritionniste du sport diplômée de l'Université de Montréal
On va se le dire, une pandémie mondiale et le confinement qui vient avec, ça chamboule ses habitudes de vie. Faire du sport est devenu un casse-tête. Voir son entourage requiert des calculs mathématiques pour le nombre de convives et la distanciation de tout ce beau monde. Et c’est sans parler de l’alimentation. Uber Eats est partout, les épiceries sont devenues des zones d’anxiété et le frigo est notre nouveau collègue de bureau ! Il va sans dire, il y a de quoi bouleverser une routine.
Niveau nutrition, on observe différents impacts chez les gens suite au confinement. Certains n’y voient aucun inconvénient, d’autres remarquent une perte de poids et une économie d’argent en lien avec la réduction des visites aux restaurants, alors que d’autres notent une prise de poids, ou du moins, une tendance à manger plus souvent.
Le télétravail et l’école à distance ont bien des avantages, mais ils amènent aussi leur lot de défis. Notamment la gestion alimentaire. Les journées peuvent être longues pour certains, à passer d’une séance Zoom à l’autre. Et toute cette histoire de pandémie et l’inconnu qui l’accompagne peuvent être anxiogènes pour d’autres. Il est bien connu que l’alimentation est un refuge souvent utilisé pour combattre l’ennui et l’anxiété. As-tu plus envie de grignoter quand tu t’ennuies ou quand tu es particulièrement stressé(e) ?
Du stress, on en vit bien assez en ces temps incertains. Ton poids et tes choix alimentaires ne devraient pas s’ajouter à la liste des inquiétudes. Je t’invite à être bienveillant envers toi-même et de te donner le droit, et surtout le temps, de t’acclimater à tous ces changements.
Pour t’aider, voici quelques trucs à apprivoiser tranquillement :
1. Manger en pleine conscience
La pleine conscience, on pourrait en parler longtemps ! En méga bref, c’est prendre le temps de vivre l’acte de manger sans distraction, de se reconnecter avec ses signaux de faim et de satiété, et surtout, de ne pas se juger. Essaie l’exercice suivant : manger un repas SANS autre distraction que ton assiette et tes sensations physiques. Ni téléphone, ni ordinateur, ni télévision. (Je t’avais averti(e) que c’était un défi !) Tu verras que l’on devient soudainement beaucoup plus attentif au goût, aux textures et à notre niveau de faim et de satisfaction.
2. Enfin du temps libre pour cuisiner
Le fameux « manque de temps » est incroyablement récurrent pour qui cuisiner est un défi. Je peux comprendre qu’avec l’école, le travail, les activités parascolaires, les amis, la famille et Netflix (blague), il ne reste que des miettes de temps pour la cuisine. Mais qui dit confinement dit beaucoup plus de temps à la maison ! Profites-en pour apprendre. Essaie une recette à laquelle tu n’aurais jamais osé t’attaquer. Ou pars de la base. Fais des essais, des erreurs et découvre le plaisir de cuisiner quand on a le temps. Nettement plus agréable, et même valorisant.
3. Planifier pour réduire l’anxiété
Moi qui ai toujours adoré faire l’épicerie, j’avoue avoir perdu un peu l’intérêt depuis la pandémie. Peut-être ressens-tu de l’anxiété quand vient le temps de faire ton marché ? Ou bien es-tu seulement exaspéré(e) à chaque moment de retourner dans ce labyrinthe d’allées ?
Pour éviter les allers-retours à l’épicerie, je t’invite à planifier ton menu chaque semaine. Ça prend un peu plus de temps sur le coup, mais tu vas économiser plusieurs déplacements et irritants. De plus, cette planification évite les pannes d’inspiration de milieu de semaine et les livraisons fréquentes du restaurant de quartier. Économie de temps ET d’argent au final, tu es gagnant(e) !
Dans tous les cas, que tu profites de la situation pour apprendre à cuisiner, apprivoiser l’alimentation en pleine conscience, ou rien de tout ça, veille à éviter toute anxiété supplémentaire en lien avec tes choix alimentaires. Tente d’être plus à l’écoute de tes signaux de faim et de satiété, mange ce qui te fait plaisir quand la faim se fait sentir, et sois bienveillant(e) envers ton alimentation.
Crédits: Inclut des images créées par Jon Tyson – « untitled image » • Tai’s Captures – « untitled image » • nrd – « untitled image » • Tamara Gak – « whipped cream » • Alfred Kenneally – « untitled image » • Gaelle Marcel – « untitled image » • Michael Kilcoyne – « A guy eating pasta. «